À l’abbaye de Fontevraud

Au début du 12^e siècle, le prédicateur Robert d’Arbrissel crée, aux environs de Saumur et tout près de la Loire, ce qui deviendra la plus grande cité monastique d’Europe : l’abbaye de Fontevraud. À la Révolution française, elle est pillée et partiellement détruite tandis que l'ordre de Fontevraud est supprimé. Au 19^e siècle, Napoléon I^er fait de Fontevraud l’une des plus dures prisons de France. Les détenus y fabriquent des boutons, des gants, des chaises... jusqu’à sa fermeture officielle en 1963.

La rénovation de l'abbaye

Une longue époque de rénovation commence alors. Afin d'ouvrir l'abbaye au public et de mettre fin à neuf siècles de vie en huis clos, les lieux sont transformés en un grand et long chantier. Aujourd’hui, les travaux sont finis et l’abbaye royale reçoit sur son immense site (et ses 150 000 m² de bâtiments) près de 200 000 visiteurs par an. On y découvre le prieuré principal, son immense église abbatiale du 12^e siècle, son cloître et ses quatre galeries, sa salle capitulaire aux murs ornés de peintures du 16^e siècle, le bâtiment octogonal des cuisines et son original style byzantin...

Un complexe hôtelier de qualité

Le quartier Saint-Benoît accueille des artistes en résidence et des congressistes, tandis que l'ancien prieuré Saint-Lazare est maintenant un luxueux complexe hôtelier plein de charme. Les travaux, dignes d’Hercules, ont duré deux ans et l’hôtel a ouvert ses portes en 2014. Le concept se veut global et minimaliste : simplicité monastique et austérité carcérale, confort, qualité et mise en valeur des savoirs artisanaux. Le projet a été confié à un architecte des Monuments historiques et au célèbre cabinet de Patrick Jouin et Sanjit Manku. Ces derniers ont choisi d’insuffler leur vision contemporaine au prieuré Saint-Lazare tout en respectant son histoire et son âme.
Si l’abbaye possède un riche passé historique, elle est aussi tournée vers un avenir durable. Ici, la chaufferie est à granulés de bois, on lutte contre le suremballage et on valorise les déchets et les circuits courts. Le miel est issu des ruches de l’abbaye, le savon est fabriqué dans le village, l’eau de la source locale est mise en bouteille sur place et on sert bien sûr des vins du Saumurois.

Fontevraud l'hôtel

Classé 4 étoiles, il dispose de 54 chambres, confortables, sobres et silencieuses. L’acoustique y est excellente, les pièces sont lumineuses et on fait la part belle au bois, aux tissus naturels et au métal. La literie est faite sur mesure, en exclusivité, par un artisan français. Dans sa chambre, chaque client dispose d’un iPad pour joindre la réception, pour accéder à des infos sur l’hôtel, la région... On peut également regarder Fontevraud TV, la chaîne interne.
Dans l’ancienne chapelle du prieuré Saint-Lazare se trouve un iBar qui conjugue Histoire et hautes technologies. On s’y installe dans les "niches" d’un énorme module en bois massif qui trône au centre de la chapelle. Une fois assis, on découvre la table qui est en fait tactile et contient la médiathèque numérique de l’abbaye.

À table !

Quant au restaurant du jeune chef Thibaut Ruggeri, "Bocuse d’or" 2013, c’est la perle cachée de Fontevraud. Installé autour du cloître vitré, il offre un cadre stupéfiant et nous emmène dans un "voyage entre tradition et modernité". Le mobilier, sur mesure, est sobre et hyper contemporain, le service est discret et raffiné. Thibaut Ruggeri ne veut pas "faire du luxe mais du beau et du bien fait" et rejette l’étiquette de restaurant gastronomique, lui préférant le terme de "Haute cuisine". Il qualifie la sienne de "moderne, épurée, dérangeante, intelligente, locale et sans apparat". Tout est dit !
Une fois à table, on se met en bouche grâce à une soupe avec du pain sec (clin d’œil au repas des moines d’autrefois) servie dans la belle vaisselle de grès tournée en exclusivité par Charles Hair, un céramiste local. Puis viennent l'entrée alias la "Révolution du printemps", la "Poulette de Racan, blettes et goût de rôti" et, après une pause au sorbet de radis et pomme verte, arrive le dessert "Citron jaune et Olive noire". Le repas se finit par un café non seulement gourmand mais bluffant puis un verre de liqueur digestive aux plantes. Ce n’est pas un repas, c’est un voyage exceptionnel et époustouflant au cœur des saveurs ! À quand une étoile au Michelin ?

De ce séjour, je conserverai le calme majestueux et le silence, les visites solitaires de l’abbatiale à la tombée de la nuit, le charme des petits détails raffinés et si bien pensés, l’odeur du savon au miel et les merveilleuses saveurs inventées par le chef Thibaut Ruggeri.

En partenariat : merci à l’abbaye de Fontevraud pour ce séjour !


// À voir
L’abbatiale
Symbole de Fontevraud, cette immense église du 12^e siècle sert de nécropole à la dynastie des Plantagenêt. On peut y voir les gisants royaux de Henri II, Aliénor d’Aquitaine, Richard Cœur de Lion et Isabelle d’Angoulême.
Les cuisines romanes
Le cloître et la salle capitulaire
Le Grand dortoir (et l’oeuvre lumineuse de C. Lévêque)
Le pôle énergétique de Fontevraud
L’atelier du céramiste Charles Hair
C'est lui qui a réalisé la vaisselle en grès du restaurant de l'abbaye. Nous vous recommandons la visite de son atelier-boutique de Thizay, à quelques kilomètres de Fontevraud.

// Bon à savoir
-On peut accéder uniquement au restaurant ou à l'iBar, nul besoin pour cela d'être client de l'hôtel.
-En revanche, dormir sur place vous donne le privilège de déambuler dans les bâtiments de l’abbaye à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Grandiose et impressionnant !

// Infos pratiques
Visite libre : adulte 10 € / enfant 7 € / forfait famille 26 €
Visite guidée ou avec audioguide : droit d'entrée + 4,50 €
Hôtel Fontevraud : chambres doubles entre 125 et 185 € suivant la saison
Restaurant Fontevraud : le premier menu est à 20 €. Nous vous conseillons vivement de tester ce restaurant car il est absolument grandiose en tous points !
Toutes les infos sont sur www.fontevraud.fr


Photos : 7h09 sauf 6 et 8 (Fontevraud / Nicolas Matheus)